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INTRODUCTION

> Point historique (timeline ici)

L’infertilité n’est pas un tourment moderne. De la Préhistoire à l’Antiquité apparaissent des divinités de la fertilité, de la fécondité, de la maternité comme Isis en Égypte Antique par exemple, parfois même de la grossesse et/ou de l’enfantement comme Xochiquetzal dans la civilisation aztèque ou Brigit, associée au printemps et à la fertilité dans les cultes celtes. La spiritualité occupe une place importante de la vie quotidienne et, les populations y trouvent parfois des réponses mais surtout un espoir d’être aidé·e·s et accompagné·e·s dans la réalisation de ses projets d’enfant.

Au Moyen-Âge, il existe des solutions dites sociales. Il était courant qu’une femme éprouvant des difficultés à concevoir un enfant avec son mari ait recours à une relation extra-conjugale avec un voisin, pour ensuite faire passer l’enfant pour celui de son mari, résolvant ainsi son problème de maternité. Par ailleurs il était tout aussi courant qu’une famille déjà nombreuse donne son dernier-né à une amie, une voisine ou encore une soeur « en mal d’enfant ». On peut voir au travers de ce dernier acte solidaire un prémice de la Gestation Pour Autruis (GPA), la mère de famille prenant la place de gestatrice mais sans rémunération en contrepartie comme aujourd’hui.


Michel Foucault considère qu’à la fin du XVIIIe siècle, notre « société souveraine » s’est transformée en « société disciplinaire ». Pour lui, c’est un déplacement du pouvoir punitif vers une ritualisation de la mort qui engendre une gestion de la vie au travers de la santé, du calcul de la population (démographie) et de l'intérêt national. Il nomme ainsi « biopouvoir » ce nouveau positionnement du pouvoir sur la vie. Paul B. Preciado explique : « Un art moderne de gouverner la vie se constitue ainsi, où le sexe et la sexualité occupent, selon Foucault, une place centrale : processus l'hystérisation du corps féminin, pédagogie sexuelle des enfants, régularisation des conduites de procréation et psychiatrisation des plaisirs pervers constituent, selon lui, les axes de ce projet qu’il caractérise, non sans ironie, comme un processus de modernisation de la sexualité ». Le corps devient politique, un objet d’étude, de quantification et sur lequel légiférer.

Cette métamorphose est le point de départ des avancées de la recherche scientifique, des techniques et des biotechnologies qui vont suivre dans le domaine de reproduction.


Dans les années 1790, John Hunter, un biologiste écossais, pratique la première insémination artificielle intra-conjugale au Royaume Unis. Il amène le sperme jusqu’à l’entrée de l’utérus grâce à une canule, i.e. un petit tube métallique semblable à une sonde médicale. Ce premier essai est concluant, une naissance a lieu.

Cette pratique arrive en France entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle et est condamnée et jugée immorale par l’Académie des Sciences Morales. Il s’agit de l’une des chambres de l’Institut de France fondée en 1795. Cet institut est la première institution française à couvrir le champ des sciences humaines dans le but de les améliorer et de les rendre conformes aux exigences de la raison . Selon elle, l’insémination permet d’introduire un enfant « adultérin », i.e. issus d’un adultère, dans la famille. En conséquence, ces inséminations se pratiquent de manière clandestine dans les cabinets des gynécologues.

Avec les travaux de Gustave Adolphe Thuret & Oscar Hertwig, respectivement en 1854 et 1876, nous en apprenons plus sur le phénomène de fécondation. Ces deux chercheurs, après observation des algues brunes et des oursins, on réussi à découvrir que la fécondation est issue d’un phénomène de fusion des gamètes mâles et femelles suite à un rapport séxué.

En 1884 a lieu la première insémination avec le sperme d’un donneur au États-Unis. C’est un chirurgien de Philadelphie qui y procède en faisant appel au don d’un étudiant en médecine. L’anecdote raconte que le mari était ravi de cette manoeuvre, parce que tout son entourage n’envisageait pas que son fils ne soit pas biologiquement le sien.

Suite au procès de Nuremberg, et au constat des expériences scientifiques menées par les nazis durant la Seconde Guerre Mondiale, des mesures sur l’éthique médicale et scientifique sont prises. En 1947 sont rédigés le code de Nuremberg pour la médecine, et la déclaration d'Helsinki qui encadrent la recherches scientifique. Il est désormais impératif de privilégier le bien-être, la dignité de l’individu et son consentement libre et éclairé.

En 1953 a lieu la première naissance d’un bébé conçu avec du sperme congelé. Cette avancée technique va en amener beaucoup d’autres dans le domaine de la biotechnologie dans les années 1960 tel que les travaux de Robert Edwards (biologiste) et Patrick Steptoe (gynécologue) en 1968 sur la fécondation in vitro. Travaux qui aboutiront à la naissance de Louise Brown en 1978. Tout ceci ayant pour effet l’élargissement de la réglementation et l'apparition du terme « bioéthique » qui correspond aujourd’hui à l’éthique médicale et scientifique contemporaine telle que nous la connaissons.

Les progrès engagés sur la cryoconservation des gamètes dans les années 1950 vont permettre la naissance des Centres d'Étude et de Conservation des Œufs et du Sperme Humain (CECOS) en 1973. Ce sont des centres de recueil et de conservation des gamètes autant mâle que femelle. Les premiers se situent dans deux hôpitaux parisiens sous une forme associative initiées par les professeurs en médecine Albert Netter et Georges David. Ces centres deviennent des services publics en 1992.

Les avancées techniques et technologiques dans les domaine de la recherche scientifique et de la médecine ont permis d’amener la problématique du soins des patient·e·s, et la compréhension de leur douleur, apportant la nécessité de mettre à jour la bioéthique. Ces questionnements ont donné lieu à un premier projet de loi sur la bioéthique en 1992, adopté par l’Assemblée Nationale en 1994 dont voici un extrait rédigé par Dominique Thouvenin :


« l’expérimentation médicale n’est plus seule en cause dans la mesure où le développement de technologies nouvelles n’a cessé de transformer la pratique médicale, modifiant les limites traditionnelles de la vie et de la mort ».


La première révision de la loi de bioéthique en 2004 « a pour objet de remédier à l'infertilité dont le caractère pathologique a été médicalement diagnostiqué » (extrait), et cette condition ne sera pas abandonnée par le Sénat en 2020.

Le projet de loi du mariage pour tous devait amener dans son sillon le projet de loi portant sur la PMA pour toutes. Mais les décideurs politiques, dont Dominique Bertinotti alors ministre de la famille, voulaient attendre quelques mois après le mariage pour tous avant de proposer ce nouveau projet de loi sur l’aide médicale à la procréation et l’adoption pour les couples homosexuels. Cependant les débats et manifestations durant la période de septembre 2012 à mai 2013 ont refroidi les grandes instances du pays, qui ont jugé préférable de reporter ces projets tant que l’animosité autour du Mariage pour Tous ne ferait pas partie du passé.

En 2016, une nouvelle réglementation des CECOS donne le droit aux hommes n’ayant pas déjà eu d’enfants de pouvoir donner leur sperme dans leurs centres.


> PMA/Comment ça se passe ?

Dans un parcours PMA, le premier examen est un bilan d’infertilité accessible aux couples et pris en charge en totalité par la Sécurité Sociale.

Les couples infertiles représentent 10% de la population totale. Une infertilité peut être envisagée si le couple n’a pas réussi à concevoir d’enfant à l’issue de 24 mois de rapports sexuels sans contraception. Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en France, seulement 8 à 11% des couples sont encore dans l’attente d’une grossesse après deux ans de tentatives infructueuses.

Cette première consultation comporte donc toute une série d’examens plus ou moins poussés et contraignants pour déterminer l’infertilité et ses causes dans le couple. Elle est réalisée par plusieurs médecins de  différents services (gynécologie, endocrinologie ou encore radiologie). Cependant, en France 15% des cas d’infertilité restent inexpliqués. Toujours selon l’Inserm et en France : « Dans d’autres cas, elle [l’infertilité] est liée à une altération de la qualité de sperme chez l’homme (nombre et/ou mobilité des spermatozoïdes), à un trouble de l’ovulation ou encore à un problème de trompes [de fallope] chez la femme. Il s’agit aussi souvent de problèmes de fertilité mixtes, c’est-à-dire concernant les deux membres du couple.»

Pour un homme les recherches se concentrent sur une infection du méat, des cicatrices de gestes chirurgicaux (au scrotum notamment) ou encore sur un aspect eunuchoïde. Pour les femmes il s’agit de l’examen de l’aspect de la peau, de la présence et la qualité de la glaire cervicale (en période préovulatoire), de l’état apparent du col utérin, de recherche de dystrophie (examen mammaire) ou encore de la présence de gros fibromyomes utérins. Tous ces examens permettent de déterminer l’âge physiologique des patient et d’avérer leur infertilité ou hypofertilité.

Personnellement, je remarque déjà une défaillance que Lisa, une receveuse de 43 ans révolus, me confirmera plus tard dans son témoignage. La panoplie d’examen est plus étendue et invasive pour la femme au sein d’un couple hétérosexuel. Elle me déclarait : « Le corps médical reste assez primaire et patriarchal. Un couple qui ne peut pas avoir d'enfant, c'est à cause de la femme bien sûr. ». Un stéréotype du « mâle reproducteur » persiste, stéréotype qui vise à mettre l’homme en position de pouvoir dans le processus reproductif. Certes, un spermatozoïde est nécessaire à la fécondation d’un ovule, mais se reproduire ne s'arrête pas là pour autant. Réduire la reproduction à un exploit masculin d’éjaculation fertile serait sous estimer la gestation nécessaire au développement de l’embryon, et invisibiliser le fait qu’il n’est pas nécessaire d’être homme pour jouir de capacités reproductrices.

Après le diagnostic d’infertilité, l’équipe médicale est en mesure d’envisager et de proposer au couple diagnostiqué une ou plusieurs des quatres aides à la procréation en vigueur aujourd’hui, sachant que le taux de réussite varie de 10 à 22% selon la technique employée et le profil de la patiente.

Premièrement, une Fécondation In Vitro (FIV) qui est la fécondation en laboratoire des gamètes mâles et femelles avant d’être réimplantée dans l’utérus de la patiente après trois jours d’incubation. Différemment de la FIV, le transfert d’embryons résulte souvent du don de gamètes mâle et femelle. Dans ce cas-ci, la patiente est une mère gestationnelle, elle ne partage aucun patrimoine génétique avec le foetus qu’elle porte. Encore aujourd’hui il est impossible d’agir sur implantation d’un embryon sur les parois de l'utérus. Ensuite, la conservation des gamètes, ou autoconservation des gamètes, qui est une « solution à retardement ». Par exemple,  le·a patient·e, qui au moment du bilan est atteint d’une maladie grave, comme un cancer, et que cette maladie ou son traitemant menace sa fertilité, les médecins, peuvent lui proposer d’effectuer un don de gamètes tant qu’elles sont encore opérationnelles, pour les conserver jusqu’au moment désiré du couple pour procréer.

Enfin, en tête de listes des techniques utilisées soit 37,5% des parcours PMA en 2015 : l'insémination artificielle. Il s’agit de l’injection du sperme d’un donneur anonyme dans l’utérus de la patiente. Le sperme est recueilli, puis examiné et enfin congelé pour sa conservation dans un CECOS. Le couple choisi leur donneur d’après des fiches qui ne dévoilent pas son identité mais plutôt un aperçu de son patrimoine génétique : groupe sanguin, couleurs des yeux, des cheveux, de la peau, ou encore le niveau d’étude et ses aptitudes sportives et intellectuelles. Une fois le choix fait, le rendez-vous est donné à la patiente en fonction de sa période d’ovulation. Le jour-j, elle est installée sur les étriers du cabinet de gynécologie et le médecin procède à l’insémination. Il prend une seringue (50ml), recueille la semence, fixe une sonde utérinaire sur l’embout, place la sonde jusque dans l’utérus et injecte le liquide. La patiente reste quelques instants en place avant de repartir chez elle.

Dans ce processus d’autres interventions sont à prévoir. Voici les listes d’examens qui ont été effectués dans le cadre du parcours PMA de Lisa :
















Il faut s’attendre à ce qu’un parcours PMA soit long. La durée moyenne est de 4 ans sachant que la première demande des médecins, selon le profil des patients, peut être de prendre sa température tous les matins durant trois cycles complets. De la même manière, des traitements de l’infertilité peuvent être expérimentés sur de longues périodes avant de songer sérieusement à un protocole d’insémination, comme l’explique le compte instagram @pma.man, qui retrace en image le parcours PMA de Marion (l'autrice) et son conjoint.


A cela s’ajoutent les limites de remboursement de la Sécurité Sociale. Pour les inséminations artificielles, seulement six sont entièrement remboursées à raison d’une seule par cycle et ce jusqu’au 43e anniversaire de la patiente. Cette limite d’âge pose problème en sachant la durée moyenne d’un parcours PMA (quelque soit la technique choisie) et que l’entrée dans ce même parcours peut être repoussée suite à un diagnostic d'infertilité tardif, d’une activité professionnelle intense, plusieurs années d’essais ou encore un désir tardif de maternité.

« Dans mon cas, j'avais 40 ans au début de la démarche [...]. Pour avoir un rendez-vous pour une échographie pelvienne, une hystérosalpingographie ou un bilan avec un médecin PMA c’est très long. Mais le temps court à grande vitesse et une fois le diagnostic posé, les délais de FIV sont très long : 2 à 3 ans. » me confiait Lisa.

Nombre de couples se voient contraints d'arrêter les démarches sans aboutir à un succès. D’autant plus que la lois n’ordonne pas de limite d'âge dans l'accès à une PMA, cette décision relève uniquement de la Sécurité sociale : « Quand j'entends que la loi est ouverte à toutes les femmes en âge de procréer cela me fait bondir car oui elle l'est pour toutes les femmes mais la sécu nous barre la route, grand paradoxe. »


> PMA Transnationale

    Le parcours PMA n’étant pas encore accessible aux couples de femmes et aux femmes célibataires en France, certaines font le choix de se rendre dans un autre pays pour y accéder. Il est alors question de PMA transnationale.

    Ce choix est influencé par le désir d’être parent·s en premier lieu, mais aussi les désirs relatifs à la procréation (l’envie d’un enfant biologique ou non ou que le donneur soit anonyme ou non, par exemple), les possibilités de procréation ou d’adoption accessibles là où l’on se trouve, le coût, les conditions légales à réunir (être en couple hétérosexuel, infertilité diagnostiquée entre autres) et les opportunités présentes à l’étranger si les moyens financiers et/ou la proximité géographique le permettent, sans oublier la langue.

Ainsi il est possible d’effectuer un parcours PMA à l’étranger, dans les pays où la loi est plus souple vis-à-vis de l’homoparentalité et de la monoparentalité. Les cliniques peuvent intervenir dans plusieurs langues (généralement français, anglais et la langue du pays où elles se situent), ce qui brise une première barrière pour les francophones comme en Espagne par exemple. Autres destinations privilégiées, nous pouvons citer la Grèce, les Pays-Bas, la Suisse ou encore la Belgique. Par ailleurs, les multiples voyages, les traitements, les examens et autres procédures étant déjà coûteux·ses, le choix de ces destinations peuvent participer à une baisse des dépenses engendrées par cette démarche si la·les patients·tes habitent dans des régions frontalières.

Mais ces parcours impliquent une grande disponibilité des patient·e·s. Effectivement, quand est venu le moment de procéder à un test d'ovulation, s’il est positif, il faudra automatiquement avertir la clinique qui donnera un rendez-vous à très court terme pour effectuer une insémination. Ceci impliquant des voyages organisés à la dernière minute, peut être de nuit si le rendez-vous est donné pour le lendemain matin et par extension impliquant des risques pour la santé et la sécurité du·des patient·e·s sur la route empruntée et, par la fatigue engendrée comme l'explique Juliette, Présidente de l’association LBGT Exaequo à Reims et mère en couple homosexuel d’une fille issus d’un parcours PMA en Belgique.

    Seulement ce mode de procréation présente des limites. La principale est ordonnée par le Sénat : dans le nouveau projet de loi de bioéthique il est effectivement impossible pour la mère n’ayant pas porté d’enfant de figurer sur l’acte de naissance de celui-ci.


> PMA pour toutes et transparentalité

En 2020 il est question de justice sociale et non plus que de remède à l’infertilité. Ce nouveau projet de loi est une nouvelle porte vers l’égalité des droits entre les genres et les familles, comme voulait la mettre en oeuvre le Parti Socialiste en 2013 avec le Mariage Pour Tous.

Initialement, le Mariage Pour Tous devait être accompagné d’une extension des droits à l’adoption et à l’aide médicale à la procréation pour les couples homosexuels. Seulement, les débats particulièrement animés sur le sujet, notamment alimentés par la Manif Pour Tous qui affirmait une position forte contre la GPA, ont ralentit ce projet. Dominique Bertinotti, ministre de la famille en fonction au moment des faits, avait déclaré dans un entretien à Rue 89 : « Il faudra en reparler dans trois ou quatre mois. Tant qu'il n'y a pas d'apaisement sur le mariage et l'adoption, on ne peut pas [proposer un nouveau projet de loi] ». Ces trois ou quatre mois se sont transformés en sept années d’attentes pour les femmes excluent du parcours PMA.

Bien que l’assemblée nationale ait un avis favorable à l'accès au parcours PMA pour les personnes trans et les couples de femmes, le Sénat a décidé d’exclure les personnes trans du projet de lois en janvier dernier. Le projet de loi se retrouve ainsi dans une situation de discrimination envers la transparentalité.


La transparentalité c’est le fait qu’au sein d’une famille, l’un ou les parents soient transgenres. Comme exemple nous pouvons citer Thomas Beatie, père de trois de ses quatre enfants qu’il a eu au État-Unis grâce à plusieurs inséminations artificielles. Il est une des ces personnes qui bouleversent le schéma hétéro-patriarcale traditionnel en montrant qu’un homme peut être enceint. Cette vision perturbe encore les grande instances qui, comme le Sénat en France, refusent d’envisager que ces faits soient réels et non plus des cas isolés. Les personnes transgenres, comme toutes autres, ont aussi le désir d’être parents ou non et de porter leurs enfants ou non mais, ce choix leur est encore inaccessible d’un point de vue légal.

Le député LREM de de Charente-Maritime Raphaël Gérard,  déclarait dans un article du Huffpost en septembre 2019 : « ce discours consistant à associer la transition de genre, c’est-à-dire la manière dont les personnes trans se réapproprient leur corps et leur identité, à un choix de vie ou à un caprice a longtemps justifié une injonction sociale au renoncement – renoncement à son corps, renoncement à ses capacités procréatives, renoncement à la parentalité. » C’est de cette même injonction dont il est question avec la décision du Sénat et dans les anciennes conditions exigées pour opérer un changement d’état civil.

Effectivement jusqu'à la loi de modernisation de la justice de 2016, lors d’un changement d’état civil d’une personnes trans, les juges demandaient un correspondance entre le sexe, i.e une typologie physiologique déterminée par une développement intra utérin, et le genre social, i.e un construit social, un identité qui vient se poser sur le sexe. Or ces opérations de « réattribution sexuelle », ou de « réassignation génitale »,  impliquent une stérilisation des corps trans par le retrait des ovaires, de l’utérus et des testicules notamment. Ce qui implique aussi un renoncement à leur capacités reproductrices, sauf dans le cas d’une autoconservation des gamètes.

Certains médecins ont su jouer avec les subtilités de la loi. Sachant que certain CECOS acceptent de recueillir le don de gamète de personnes trans dans le but d’une autoconservation des gamètes, il est possible d’effectuer ses prélèvement avant toute prise d’hormones et/ou actes chirurgicaux. Pour Petra de Sutter, cheffe du service de médecine de l'hôpital de Gand (Belgique) c’est une question qui doit être abordée dès le début de la transition : « Dans les années 1990, je pratiquais régulièrement le prélèvement d’ovocytes chez les hommes trans et de sperme chez les femmes trans. » Ainsi elle permettait à ses patient·e·s d’avoir la possibilité, dans les cas de couples hétérosexuels, d’avoir une option envisageable pour se reproduire.

Par ailleurs, des hommes trans ont déjà eu accès à un parcours PMA à l'hôpital Cochin à Paris. La loi stipule que le couple demandeur doit être composé d’un homme et d’une femme cisgenres. Ainsi, si l’homme transgenre a opéré un changement d’état civil, et qu’il est en couple avec une femme cisgenre, le genre respectif de chacun des membre du couple correspond aux critères émis par la loi. Parmis les couples suivis, 46 naissances issues d’inséminations artificielles avec donneur ont été enregistrées dans cet hôpital au cours de l’année 2012.


> Design et reproduction

Au cours de mes recherches, un membre d’un groupe Facebook sur le don de sperme m’a posé la question suivante : « Quel est le rapport entre le design et l’insémination ? ». Les retours suite à ma réponse m’ont laissé entendre que le design n’y avait pas sa place. Et pourtant, de nombreux projets de différentes natures existent dans ce domaine. Bien sûr, de nombreux objets au service direct de la reproduction existent, qu’il appartiennent au monde hospitalier ou non : seringue, sonde utérinaire, pot stérile, sextoys ou encore cape cervicale.

Cependant, nous pouvons aussi citer le travail graphique de plusieurs compte instagram : @pma.man, @pmanecdotes, @ pma_positivemindattitute, @pm_amour ou encore @pmanonyme. Tous ces comptes ont pour vocation d’informer et de soutenir les personnes en parcours PMA tout en créant un réseaux d’usagers qui partage à ce sujet. Ils informent aussi sur l’évolution de la loi de bioéthique, le déroulement des procédures ou encore, donne des pistes pour mieux supporter psychologiquement le parcours PMA, comme @fiv.fr qui donne entre autres choses des exercices de méditation à faire chez soi. Sur la célèbre plateforme vidéo Youtube.com, beaucoup d’usagers partagent aussi des recettes de lubrifiant « fertility-friendly », ou des protocoles d’insémination. Mais, je reviendrais plus en détail sur certains projets et en détaillerais d’autres au cours de mon argumentation.

    Ce qui justifie, à mon sens, cette question, c’est qu’en parlant de design on imagine plus un fauteuil du Corbusier qu’une entreprise qui commercialise des portes manteaux. Or, au même titre que la LC4 conçue en 1928, ce porte manteau hypothétique a été dessiné et pensé pour un usage comme les projets cités précédemment. Le design n’est donc pas nécessairement la création d’un auteur connu comme, par exemple, la seringue du doliprane liquide pour enfant que je présenterai plus en avant.




Aujourd’hui, et depuis longtemps, il n’existe plus qu’un seul schéma familial. Bien que la famille nucléaire (composée d’un père & d’une mère) ait encore de beaux jours devant elle, certains, comme le collectif de la Manif pour Tous, voient une menace depuis le Mariage pour Tous (2013) et dans l’élargissement des droit à une procréation médicalement assistée dans la loi de bioéthique, actuellement en révision.

Par ce travail de recherche en design et le projet qui en découle, en travaillant de manière transdisciplinaire (sociologie, biologie, médecine, droit), je veux répondre au problème de discrimination que pose ce nouveau projet de loi, exposé précédemment, dans une optique de lutte pour l’empowerment des parentalités célibataires et non hétérosexuelles. Ou, formulé autrement : comment s’empouvoirer en se reproduisant ? L’enjeux premier de mon projet et la reprise du pouvoir sur le droit à disposer librement de son propre corps dans le domaine de la reproduction.

Mon plan sera chronologique. Je commencerai dans une première partie par aborder la question de la reproduction : ses termes, ses injonctions et les projets de design dans le domaine de l’autonomie gynécologique qui nous amène vers une altergynécologie. Dans une seconde partie j’exposerai ce qu’est une insémination artisanale, son déroulé et ses risques en établissant un lien avec l’empowerment qu’elle procure vis-à-vis du nouveau projet de loi sur la bioéthique.

Introduction: Ce que je fais
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